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l'esclave réunionnais qui assigna son maître en justice en 1817.

Il assigna son maître en justice en 1817

Furcy est le nom donné à l'esclave réunionnais qui assigna son maître en justice en 1817 en contestant juridiquement son statut d'esclave. Indienne née en 1759, sa mère Madeleine est menée en France par une religieuse avant d'être conduite à La Réunion par une certaine Madame Routier qui devait la renvoyer jusqu'à Chandernagor, ce qu'elle ne fit pas. À la mort de cette dame, le fils de feue Madeleine est confié à son gendre Joseph Lory, qui le garde comme esclave.

En 1817, le jeune homme découvre que sa mère avait été affranchie avant son décès et décide de recourir à la justice pour faire valoir sa liberté, une liberté dont jouit sa sœur Constance depuis son propre affranchissement.

Cette démarche hostile intervient alors qu'il est à la tête de la maison du négociant et propriétaire desclaves Joseph Lory, qui lui fait donc confiance. Il est débouté en première instance, en appel et se pourvoit finalement en cassation. En 1817, lorsqu'il entame sa démarche en justice, il trouve un certain soutien en la personne du procureur général Louis Gilbert Boucher, né en 1782 et qui mourra en 1841.

Des lois que font les magistrats au profit des propriétaires d'esclaves.

Pour ses sympathies antiesclavagistes, celui-ci s'attire l'hostilité de Joseph Richemont Desbassyns, le commissaire ordonnateur général de La Réunion. L'affaire fait grand bruit à Saint-Denis car elle ouvre une brèche qui permettrait la libération de 15 000 individus. Aussi, sous la pression des colons, Gilbert Boucher doit quitter l'île.

Son jeune substitut Jacques Sully Brunet est également écarté du dossier. C'est esclave que Furcy mourra, après avoir entretenu une correspondance suivie depuis Maurice avec la famille Brunet à La Réunion et Gilbert Boucher lui-même en métropole.

L'affaire Furcy, néanmoins, n'est pas une affaire isolée: Louis Gilbert Boucher cite dans l'un de ses rapports au ministre de la marine et des colonies une autre affaire un peu antérieure, l'affaire de l'indienne Tola, jugée devant la cour royale de Bourbon, où le même point de droit a déjà été soulevé: dans un contexte où la traite négrière commence à être interdite dans les colonies anglaises (dont l'île Maurice,

toute proche, où la famille Lory a des terres), et où les nations signataires du traité de Vienne se sont engagées à abolir l'esclavage, les indiens se prétendent issus d'une nation de libres et refusent le statut d'esclave (cas également connu de Boucher à la Martinique).

Gilbert-Boucher s'élève également contre l'usage des lois que font les magistrats au profit des propriétaires d'esclaves et des contournements de son autorité de procureur général, dans un contexte de réforme des juridictions qui peine à s'imposer à l'île Bourbon.

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